Un habit longtemps relégué
Pendant des décennies, le costume traditionnel masculin algérien a été relégué au second plan. Perçu comme désuet ou associé aux figures du pouvoir colonial telles que les qaïds, il a peu à peu disparu du quotidien des Algériens. Pourtant, un renouveau semble émerger : sur les réseaux sociaux, dans certains mariages et même dans la rue, ces habits refont surface, portés avec fierté et élégance.

Redécouvrir le burnous, la gandoura et la chechia
Le burnous, la gandoura brodée, le sarouel, la jebba ou encore la chechia ne sont plus seulement les témoins d’une époque révolue. Ils deviennent des symboles culturels réappropriés par une jeunesse en quête d’identité. Ce retour n’est pas anodin. Il traduit un besoin profond : celui de renouer avec un patrimoine vestimentaire riche, longtemps négligé.
Les archives comme source d’inspiration
Des vidéos circulent, revisitant les archives visuelles de l’Algérie : photos anciennes, peintures coloniales, portraits de notables… Ces images révèlent l’esthétique raffinée des costumes algériens d’antan. À travers elles, on redécouvre une élégance masculine, soignée, sobre ou majestueuse selon les régions et les époques.
Une fierté retrouvée jusque dans la diaspora
Récemment, un mariage algérien célébré en Normandie a fait parler de lui. Les mariés, habillés en tenues traditionnelles, brandissaient fièrement le drapeau algérien. Cette scène virale illustre la volonté de toute une génération d’assumer son héritage culturel, même en diaspora.
Quand le monde s’inspire de ses traditions
Mais cette tendance algérienne s’inscrit aussi dans un mouvement mondial. Dans plusieurs pays, les habits traditionnels ont été modernisés et réintroduits dans la vie quotidienne. En Corée du Sud, le hanbok revisité est devenu tendance. Au Japon, des kimonos contemporains font leur retour en ville. Au Nigéria, les agbadas sont portés avec fierté par les jeunes et les personnalités publiques. En Inde, le sherwani ou la kurta trouvent leur place dans les garde-robes modernes. Tous ces exemples montrent qu’il est possible de faire cohabiter tradition et modernité.
Mode passagère ou réappropriation culturelle ?
La question se pose alors pour l’Algérie : ce retour du costume traditionnel masculin est-il un phénomène de mode passager, ou le début d’un vrai mouvement de réappropriation culturelle ? Car porter ces vêtements implique plus que de la nostalgie : cela demande une culture de la patience, un goût du détail, une posture assumée. Ce sont des tenues qui exigent du temps, de l’entretien, un certain rapport au corps et à l’allure.
Un défi à relever ensemble
Pour qu’ils ne restent pas confinés aux cérémonies, un travail collectif est nécessaire. Il faut des stylistes capables de réinterpréter les coupes et les matières, des artisans qui perpétuent les savoir-faire, et un public prêt à redonner à ces habits leur juste valeur.
Une élégance du passé pour réenchanter le présent
En redonnant vie au costume traditionnel algérien, les hommes algériens ne tournent pas le dos à la modernité. Ils y ajoutent une couche d’authenticité, de mémoire et d’élégance. Et si demain, le burnous devenait aussi naturel qu’une veste, et la jebba aussi courante qu’un jean ? Le défi est ouvert.