Le tourisme, dans sa forme la plus pure, ne se limite pas à des brochures aux papiers glacés, ni à des plages de sable fin où l’on pose son parasol. Ce qu’un touriste cherche avant tout, c’est une expérience – un dépayssement réel, un contact avec une histoire qu’il ne connaît pas, une culture qu’il n’a jamais vécue, et des services qui surpassent ses attentes. Alors, qu’est-ce que l’Algérie, avec ses atouts multiples, peut offrir aux différents types de touristes, et comment transformer cette promesse en réalité ?
Les Fondamentaux du Tourisme : Une Prise de Conscience nécessaire
L’Algérie ne manque pas de trésors, mais il semble que beaucoup de ceux-ci soient encore à l’état brut, mal valorisés ou sous-exploités. Il est essentiel de commencer par les bases : de bons services, un accueil impeccable et un tourisme authentique. Le touriste est un invité, un hôte que l’on doit traiter avec respect et qui doit repartir avec une image mémorable de son expérience.
Si un touriste mange, il doit manger bien, si un touriste dort, il doit dormir bien. La qualité de l’accueil, de l’hébergement et de la restauration est un facteur clé de fidélisation. Un service irréprochable, dès l’arrivée à l’aéroport jusqu’à son départ, est l’une des clés pour transformer un voyage en expérience. Le tourisme n’est pas qu’une question de politique d’investissement, c’est aussi une question d’état d’esprit.
Un Décalage Entre la Promesse et la Réalité
Le problème du tourisme en Algérie, c’est que le décalage entre les brochures scintillantes et la réalité vécue par le touriste est parfois gigantesque. Nous avons tout : des plages magnifiques, des sites historiques incroyables, des montagnes qui invitent à l’aventure, mais l’offre ne suit pas toujours. Les infrastructures sont là, mais elles manquent de cohérence, et parfois de qualité. L’accueil, bien que chaleureux, souffre encore de certaines lacunes dans le service.
Un touriste étranger, qu’il soit européen, chinois, russe, ou arabe, arrive souvent avec une image préconçue du pays qui a été modelée par la presse de son propre pays, ses stéréotypes et les services qu’il attend. La réalité, souvent, est décevante, et ce décalage peut nuire à l’expérience touristique.
Le Tourisme de Masse : Est-ce Souhaitable pour l’Algérie ?
Une semaine à 500 euros dans les Comores ? Pourquoi pas, mais est-ce ce que l’Algérie veut ? Le tourisme de masse, celui qui propose des offres standardisées et des groupes guidés à prix cassés, a sa place, mais à quel prix ? Les voisinages des pays qui ont opté pour ce modèle, comme la Tunisie et le Maroc, montrent les avantages, mais aussi les dérives : saturation des sites, manque de contact authentique avec la culture locale, et un profit à court terme, mais souvent une dégradation de l’expérience touristique.
Si l’Algérie veut devenir une destination de choix, elle doit rester authentique et proposer une expérience sur mesure, mais sans sacrifier la qualité pour la quantité. La diversité des circuits et des offres, qui mettent en avant l’authenticité du pays, doit primer sur la simple logistique de groupes entassés dans des hôtels sans charme.
Les Touristes Européens, Arabes, Chinois, Russes : Qu’est-ce qu’ils Cherchent Vraiment ?
Les attentes des touristes varient. Un Européen cherchera peut-être la découverte culturelle, la visite de sites historiques et une expérience authentique loin des sentiers battus. Il sera attiré par Alger, Tipaza, Cherchel, et les montagnes de Kabylie, mais aussi par l’expérience culinaire et l’hospitalité. Pour le touriste arabe, ce sera un lien plus émotionnel : l’Algérie est un pays riche en histoire commune, il recherche un dépaysement sans trop s’éloigner de ses habitudes culturelles. Les Chinois, eux, seront attirés par les aspects économiques, les industries locales, mais aussi par les sites naturels uniques. Les Russes, curieux de tout, rechercheront des aventures inédites à travers le désert. Les Américains et Mexicains s’intéresseront surtout à l’histoire et à la diversité des sites culturels.
Faciliter l’Accès : Un Service sans Faute
Pour tout cela, l’accessibilité reste un problème. Faciliter l’accès à l’Algérie signifie non seulement ouvrir des lignes aériennes, mais aussi offrir des services bancaires pratiques, garantir la sécurité, faciliter les visas, et rendre les paiements plus simples. Les infrastructures sont là, mais il est essentiel de travailler sur la logistique pour que l’expérience soit fluide, du moment où le touriste met un pied à l’aéroport jusqu’à son départ.
Réinventer les Circuits et Créer de Nouvelles Offres
Un touriste qui passe une semaine à Alger pourrait très bien être guidé dans un circuit qui passe par Tipaza, Cherchel, Tenes, et même une nuit sur le Mont Chenoua ou à côté du Tombeau de la Chrétienne. Pourquoi ne pas proposer des offres variées qui mettent en valeur la diversité des régions, et pas seulement les grands classiques ? Le tourisme durable, avec des circuits écologiques, basés sur la découverte des montagnes, des forêts, des plages ou des villages reculés, pourrait attirer une clientèle nouvelle, plus soucieuse de préserver l’environnement.
La Question de l’Acceptation : Une Tension entre Ouverture et Conservatisme
Mais au-delà des infrastructures et des services, il y a aussi des questions philosophiques et éthiques à résoudre. Accepter le tourisme, c’est aussi accepter l’autre, avec son mode de vie souvent contrasté avec celui des Algériens conservateurs. L’acceptation des touristes européens, et leur mode de vie parfois en contradiction avec les valeurs locales, soulève la question de la tolérance et du respect mutuel. Et si nous allions jusqu’à faire de Thagaste, le lieu de naissance de Saint Augustin, un lieu de pèlerinage pour les chrétiens ? Quel impact cela aurait-il sur les conservateurs ? Ces questions ne sont pas simples, mais elles méritent d’être abordées pour faire du tourisme un vecteur de compréhension et non un simple business.
L’Indicateur Simple : Les Sanitaires de l’Aéroport
Enfin, un dernier indicateur, simple mais révélateur : le touriste arrive à l’aéroport, il va aux toilettes. L’état des sanitaires sera perçu comme le reflet de l’attention portée aux détails, du service que le pays est prêt à offrir. Oui, c’est peut-être anodin, mais un mauvais premier contact avec la propreté ou le service à l’aéroport peut déjà entacher l’expérience. Plus qu’une campagne de publicité, c’est le détail qui rendra un visiteur fidèle ou le repoussera.