Alors que la France accuse régulièrement l’Algérie de vivre dans la nostalgie de la guerre d’indépendance, le communiqué de l’APS en réponse à L’Express renverse subtilement l’accusation : c’est en réalité la France médiatique et institutionnelle qui reste enfermée dans une vision périmée, quasi réflexe, des rapports algéro-français.
Un logiciel ancien, jamais mis à jour
L’APS ne se contente pas de démentir une prétendue volonté française de geler les avoirs d’officiels algériens. Elle dévoile un mécanisme plus profond : celui d’un logiciel narratif français figé, dans lequel l’Algérie n’est jamais décrite comme un État moderne, mais comme une entité floue, sans institutions, dirigée par des « dignitaires » anonymes, une sorte de mafia du Sud à qui il faudrait faire la leçon.
Cette vision n’est pas neuve : elle s’enracine dans un inconscient colonial vieux de deux siècles, rarement remis en question. Même lorsque l’emballage change, le fond reste le même. Parler de “rente mémorielle” devient alors un écran de fumée, destiné à masquer le refus français d’accepter une Algérie souveraine, qui entend développer son pays sans autorisation ni validation extérieure.
Une réponse algérienne offensive mais stratégique
En mettant au défi la France de « passer à l’acte », l’APS ne se contente pas de répondre à la provocation. Elle retourne la logique accusatoire, et rappelle un fait peu évoqué dans la presse française : 51 demandes officielles de coopération judiciaire (commissions rogatoires, extraditions de personnes condamnées en Algérie) sont restées sans réponse côté français.
Pourquoi ? Peut-être parce que dans la vision française, certains corrompus sont utiles, d’autres pas. L’hypocrisie dénoncée par l’APS repose justement sur cette sélectivité morale.
Jusqu’où répondre aux provocations ?
Mais la question demeure : faut-il encore réagir ? Car dans cette stratégie de communication par fuite, la France teste. Elle observe ce qui déclenche une réaction, elle mesure le ton de la réponse, elle ajuste. L’objectif ? Maintenir la tension symbolique, imposer une relation déséquilibrée où l’Algérie serait toujours en position de se justifier.
Dans ce contexte, le silence et le mépris peuvent devenir des outils plus puissants que les mots. Laisser enfler ces provocations jusqu’à ce qu’elles deviennent des querelles franco-françaises, c’est peut-être la meilleure manière de montrer que l’Algérie a véritablement tourné la page.